Cap-Vert

#083 – A vos marques ! Prêt ? …..perdu !

  • 31 janvier au 2 février 2024, Mindelo, île de São Vicente, Cap-Vert

Mercredi 31 janvier, 8ème nuit au port de Mindelo (pour PTIPOA, la 6ème pour nous), calme.

Aujourd’hui, il n’y aura pas d’école, nous avons fort à faire.

Nous commençons par aller à terre pour faire les papiers de sortie. Passage auprès de la police portuaire pour récupérer les papiers du bateau, avant de passer par l’immigration pour nous faire tamponner nos passeports.

Les formalités tant redoutées se sont bien passées, et qui plus est, assez rapidement !

Nous filons ensuite en ville pour faire nos dernières courses avant le départ.

En revenant au bateau, nous ferons encore le tri de ce que nous pouvons donner aux pauvres gens faisant la manche devant la marina. C’est avec plaisir que nous offrirons quelques habits et chaussures d’enfants à ces miséreux, espérant améliorer ainsi un peu leurs conditions.

Je laisse cette tâche à Aurélia et aux enfants, car de mon côté, je m’attèle au nettoyage de PTIPOA avant le grand départ.

Un bon coup de kärcher lui fera du bien pour enlever la poussière de sable accumulée durant ce séjour à Mindelo, le pauvre PTIPOA est brun ! Ayden viendra me prêter main forte à leur retour.

Aurélia, de son côté, prépare le repas et termine les dernières tâches administratives, car nous n’aurons plus d’accès internet durant les 3 semaines de la transat, c’est donc le dernier moment pour régler ce qui peut l’être.

Vers 15-16h, nous sommes fin prêt au départ !

PTIPOA est propre, tout est rangé, larguons les amarres !

Direction la station essence située à la sortie du port, pour faire le complément de gasoil.

La manœuvre se passe sans soucis, bien que le bateau a l’air de moins bien réagir que d’habitude.

Arrivant au quai de la station, j’ai un peu du mal à rapprocher le cul du bateau au quai, c’est étrange 🤔

Nous faisons le plein de gasoil avant de redémarrer les moteurs et quittons le quai.

Alors que j’effectue la manœuvre de départ, PTIPOA ne réagit plus du tout du côté tribord et le moteur fait un drôle de bruit quand je mets les gaz 😧

Nous nous éloignons du quai avec peine et je sens vraiment qu’il y a un souci et le fais savoir à Aurélia.

Nous allons nous mettre au mouillage devant le port, afin de voir le problème, bien que je me doute déjà de la cause…

Nous jetterons l’ancre difficilement, car je préfère ne pas utiliser le moteur tribord en raison du bruit inhabituel et faire son mouillage à un seul moteur n’est pas des plus aisés.

Une fois bien ancré et les moteurs coupés, il ne reste plus qu’à plonger pour confirmer mes craintes…

Il nous manque

l’hélice tribord !!😱😵

Nous avons pu quitter notre place sans soucis, nous avons donc dû la perdre entre-temps, probablement entre notre place de port et la station essence.

Nous mettons l’annexe à l’eau et retournons, en annexe donc, à notre place, afin que j’y plonge, mais il n’y a rien.

Je commence à refaire le trajet parcouru en plongeant, mais l’eau est trouble et le soleil déclinant, rendant l’opération compliquée.

Pendant ce temps, Aurélia sonde nos voisins de pontons pour savoir s’ils ont remarqué quelque chose, mais non.

Un local, qui parle français, vient voir ce qui se passe… Ce n’est pas courant quelqu’un qui se « baigne » au port.

Il lui expliquera qu’un autre bateau avait connu la même mésaventure, il n’y a pas si longtemps que ça…

Vu que lui est plongeur, il nous propose ses services pour retrouver notre hélice…

Pendant ce temps, je plonge et replonge, à en perdre le souffle, tout en avançant.

Aurélia et les enfants me suivent maintenant en annexe, en ramant.

Arrivé bredouille à la station essence, je suis épuisé, les 500 mètres nous séparant de notre place de port m’auront consumé toute mon énergie.

Un des gars du port est là, Aurélia lui explique notre problème, pendant que je plonge une dernière fois à l’endroit où nous nous sommes amarrés pour faire le plein.

Un gros bloc de béton gît au fond de l’eau et au-dessus de celui-ci se trouve une pièce qui semble être là depuis peu, les algues ne l’ont pas encore colonisées.

Je ne pense pas que ça nous appartient mais dans le doute, je la prends et remonte sur le quai.

Je n’en peux vraiment plus et suis congelé 😵‍💫🥶

Le local, qui est venu jusqu’à la station, nous conseille de revenir demain en milieu de matinée, quand le soleil sera haut et l’eau plus claire.

Nous retournons au bateau, dépité !

Nous étions prêts à partir pour aller mouiller au sud, nager avec les tortues avant de faire le grand saut dans l’océan, mais non, ❌ FAUX DEPART ❌!

Décidément, à chaque fois qu’on quitte un port, on a des emm**des, ça commence à être une habitude…. 🤬😤

Par chance, nous avons une hélice de rechange à bord, encore faut-il avoir toutes les pièces…

Je me plonge donc dans les vues éclatées des moteurs pour faire le point. Je saurai au moins ce que je dois chercher au fond de l’eau… nous verrons demain…


Jeudi 1er février, 1ère nuit au mouillage de Mindelo, calme.

Pas d’école aujourd’hui, notre problème d’hélice accapare tout l’équipage.

Nous attendons que le soleil monte pour que je puisse aller plonger et tenter de récupérer nos pièces.

Vers 9h30, nous nous rendons en annexe au quai de la station essence, afin que j’y plonge. Il n’y a personne, profitons-en.

Cette fois, je me suis équipé pour l’occasion ! Combinaison et plombs de plongée.

Après plusieurs tentatives, je retrouve l’hélice ! A côté d’elle gît le cône, accompagné de sa vis ! Parfait !

Alors que je continue à plonger pour chercher d’éventuelles autres pièces, le chef de la capitainerie déboulle et nous aboit dessus, car il nous a vu sur ses caméras et que nous n’avons pas le droit d’être là et encore moins d’y plonger.

Nous lui expliquons la situation, et, voyant nos pièces sur le quai, il se radoucira.

Nous étions plutôt étonnés qu’il ne soit pas au courant, vu que nous avions discuté avec l’employé de la station-service la veille.

Entre-temps, 2 bateaux viennent faire le plein, mettant en pause mes recherches. Une fois reparti, je me remettrai à l’eau mais ne trouverai rien de plus.

Il est temps de retourner au bateau, où nous constaterons que la pièce trouvée la veille nous appartenait, car il s’agit tout simplement du noyau de l’hélice !

Ça devrait être réparable, du moins nous l’espérons. Nous verrons bien quand nous nous rendrons au Shipchandler, cet après-midi.

Je m’attèle avec Louna à nettoyer les pièces alors qu’Aurélia fait de l’administratif.

En début d’après-midi, nous nous rendons à terre avec l’hélice et le noyau, direction le shipchandler.

D’après eux, c’est réparable, mais pour cela nous devrons repasser demain.

En voilà une bonne nouvelle, et ça ne devrait pas nous couter trop cher, c’est encore mieux.

Soulagés, nous ferons un petit tour en ville ainsi qu’un crochet par la place de jeux, car Ayden souhaite jouer à la balle.

Sur place, d’autres enfants sont là et viendront jouer avec lui !

Entre-temps, un gars de passage viendra nous demander du feu et en profitera pour discuter un peu, car il parle français et une partie de sa famille vit en France, il s’appelle Didier.

Nous échangeons quelques mots, avant qu’il continue son chemin.

Il fait chaud et il commence à faire soif ! Une bière serait la bienvenue ! 🍺

Malheureusement, le bar à côté de la place de jeux ne sert pas d’alcool, nous décidons donc de retourner à la marina, où nous nous nous arrêterons au Floating Bar pour y boire un coup et profitez du Wifi gratuit, nos abonnements cap-verdiens étant pratiquement taris.

Ce sera donc 2 pressions pour les grands et 2 glaces pour les petits !

Alors que nous sommes attablés, le téléphone sonne !

C’est Tritri au bout du fil, il a dû sentir que c’était « open bar » pour les données mobiles à ce moment-là, car ça n’a jamais été le cas depuis qu’on est au Cap-Vert, les abonnements téléphoniques étant hors de prix et très restreint.

C’est sympa de le voir et d’échanger avec lui !

Pour ceux qui ne le connaisse pas, Alexandre (ou Tritri) pour les intimes, est un ami d’enfance qui partage nos navigations depuis maintenant quelques années. Nous l’avions à nos côtés en Croatie, en Corse et en Grêce.

Voilà aussi bien des années que je le « travaillais » pour qu’il vienne en tant que coéquipier pour la transat, mais les aléas de la vie et les appréhensions auront eu le dessus, ce sera donc sans lui ! 🤷‍♂️ Dommage !

C’est tout de même marrant cette coïncidence qu’il nous appelle alors que nous sommes sur le point de faire cette fameuse transatlantique !

Après cet appel inattendu, des messages Whatsapp de Thierry afflus (un autre ami d’enfance), nous profiterons du Wifi pour l’appeler également ! Ça nous a fait hyper plaisir de voir la petite famille au complet ! Bisous à tous 😘😘😘😘 !

Nous en profitons car c’est nos dernières communications vidéo avant longtemps, il n’y a pas beaucoup de réseau au milieu de l’Atlantique 😜 !

L’heure tourne et la faim pointera son nez, nous commanderons donc un plat de Patatas fritas, des frites saupoudrées de fromage et de bacon.

Une fois cela englouti, nous regagnerons PTIPOA au soleil couchant, pour une bonne nuit, enfin… presque.

Du mouillage, nous entendons les répétitions des chants pour le carnaval prochain, et c’est les même qu’hier… ça tourne en boucle et tape gentiment sur le système !

Bien que cela s’arrête à 23h, la mélodie reste dans la tête…  🤯


Vendredi 2 février, 2ème nuit au mouillage de Mindelo, calme.

Ce matin, pas d’école, car nous allons à terre pour récupérer notre hélice.

Arrivé au ship vers 9h30, ils nous disent qu’elle n’est pas là, qu’ils ont dû aller dans un autre atelier pour pouvoir réparer et qu’il faudra qu’on revienne, d’ici 1h environ…

Pour patienter, nous allons faire quelques courses au marché avant de retourner à la place de jeux d’hier.

Il y a de l’ombre et les enfants sont occupés, rendant l’attente moins pénible.

Sur place, une classe d’école est là et nous profitons du spectacle. Après un court instant de calme, le top départ est donné et ça court partout.

Peu de temps après, voilà que nous rencontrons à nouveau Didier et commençons à discuter un peu plus longuement et lui offrons un café. Il travaille de nuit au port et s’occupe du déchargement des navires de pêche. Il y a chaque nuit fort à faire, les eaux d’ici sont très poissonneuses.

Au fil de la discussion, il nous apprend qu’il est issu d’une famille de 27 enfants! 😲

Il y en a autant, car son père avait 5 femmes !!!

Lui a 8 « vrais » frères et sœurs, venant de la même mère.

Il nous raconte la vie d’ici, les bons et les mauvais côtés, que c’est le pays de la débrouille… le salaire mensuel moyen au Cap-Vert n’est que de 150 €, tout est donc bon à prendre!

Il finira par nous montrer fièrement son bras, où figure un tatouage avec son année de naissance…

1982 ! Comme moi !

Ça donne à réfléchir et de se rendre compte, encore une fois, que nous avons de la chance d’être né où nous sommes…

L’heure tourne et nous devons y aller. Après une petite photo, nous nous séparons et retournons au ship.

Sur place, le vendeur nous informe que le noyau de l’hélice a pu être replacé à l’intérieur mais que ça ne risque de pas tenir… Par contre notre hélice n’est toujours pas de retour… Il faudra revenir cet après-midi.

Vu la situation, il nous en propose une autre d’occasion, mais étant donné que j’en ai une autre « de réserve » au bateau, je vais mettre celle-ci.

De retour au bateau, je m’attèle à la mise en place de l’hélice de rechange, mais constate qu’il manque une pièce – une entretoise – qui est indispensable !

Sans cette pièce, l’hélice est inutilisable !

Je n’ai pas retrouvé cette pièce lorsque j’ai plongé, car on a probablement dû la perdre entre la station essence et le mouillage…  

C’est donc peine perdue de pouvoir la retrouver. Peut-être que le ship pourra nous en vendre une…

En début d’après-midi, Louna et moi retournons à terre pour aller au ship récupérer notre hélice et tenter d’acheter la pièce manquante. Sur place, j’explique au vendeur qu’il nous manque cette entretoise mais il ne semble pas comprendre.

En plus, il ne veut pas me vendre juste l’entretoise de son hélice d’occas… c’est soit tout, soit rien… et il n’en a pas d’autre.

Par contre il me propose d’envoyer un de ses mécanos pour voir le problème, bien que je le connaisse déjà.

On retourne au bateau avec le mécano qui constatera, effectivement, qu’il manque l’entretoise…sans blague ! 🥸

Vu que je n’ai pas le choix, je devrai acheter l’hélice d’occasion, juste pour avoir cette foutue pièce !!

Donc retour au ship (toujours avec Louna) pour l’acheter, mais impossible de payer par carte, il faut du liquide ! Vu que je n’ai pas cette somme sur moi, il faudra les retirer…

Ici au Cap-Vert, les distributeurs de billets sont en nombre limité et facilement reconnaissable, c’est où il y a toujours une queue de personnes devant !

Nous nous armons de patience et attendons patiemment notre tour pour retirer les précieux bouts de papier avant de retourner au ship acheter l’hélice.

Après cet interminable périple, nous retournons direction la marina.

Louna sera heureuse de constater que « Mindy » la chienne, est là et en profitera pour faire une photo avec elle !

Après cela, nous retournons au bateau, ou je pourrai enfin installer l’hélice de rechange, avant de la tester.

Ça fonctionne, halleluja ! Nous pourrons lever l’ancre demain !

Nous passerons ensuite la soirée tranquille au bateau, et, comme les nuits passées, les répétitions des chants de carnaval reprennent de plus belle, passant en boucle la même musique !!

Arrrrgh ! C’est fou comme une mélodie, aussi jolie soit elle, peut rendre dingue !

Mais demain est un autre jour, car une nouvelle étape – et pas des moindres – s’offrira à nous….

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