Traversée

#079 – Jaune + Bleu = Vert

  • 29 décembre 2023 au 4 janvier 2024, Gran Tarajal, Îles Canaries puis la mer… et enfin le Cap Vert

Vendredi 29 décembre, 1ère nuit au mouillage de Gran Tarajal, plutôt houleux le matin.

Nous levons l’ancre à 8h45 et faisons cap au Sud. Nous allons quitter les Canaries pour le bleu infini de la mer, direction le Cap-Vert, à 845 milles nautiques de là (environ 1’570 km).

Le vent a l’air de nous bouder ce matin, car il est absent ! Nous ferons donc la descente de Fuerteventura au moteur.

Il faudra attendre d’être quelques milles au Sud de l’île pour pouvoir enfin ouvrir le gennaker et éteindre le moteur. La journée aura été bien calme…

Au menu ce soir, soupe de courge, accompagnée de cuchaule fraichement sortie du four !

Peu après, alors que la nuit commence à tomber, nous allumerons les moteurs car le vent est retombé et nous n’avançons plus beaucoup.

Vers 20h, alors que je prends mon quart, Aurélia file au lit. Les enfants seront envoyés au lit peu après, me laissant seul avec l’obscurité.

La nuit est belle et le ciel scintille de ses milliards d’astres lointains.

Le spectacle est d’une beauté à la hauteur de la grandeur de l’univers, gigantesque !

Le nombre d’étoiles visibles est, ici, au milieu de l’eau et surtout à l’abri de la pollution lumineuse habituelle, tout simplement impressionnant !

Je le contemplerai une bonne partie de la nuit.


Samedi 30 décembre, 1ère nuit en mer, entre les Canaries et le Cap Vert.

Aurélia vient me relever et prendre son quart à 3h.

Elle teste la méthode de NIRVANA, à savoir être de quart, oui, tout en dormant entre-temps par tranche de 20 minutes.

Ça fonctionne plutôt bien pour elle, grâce au fait qu’il n’y a pas trop de trafic.

Le vent étant vraiment trop faible, nous serons au moteur toute la nuit…

La journée se déroulera tranquillement, au rythme de l’océan.

Les enfants, de leur côté, partageront leur journée entre lecture, LEGO et Nintendo !

Ça va, pas trop dur la vie !

Les dauphins viendront à plusieurs reprises nous faire une petite visite et jouer avec les étraves de PTIPOA. Malgré que c’est devenu « normal », ça reste toujours un plaisir.

Au souper, nous aurons droit au Hot Dog concoctés par Ayden !

Une fois le repas fini, vers 20h, Aurélia file au lit pour être en forme pour son quart de nuit.

Les enfants traineront un peu dans le carré, avant de retrouver chacun leur cabine. Pour ma part, je serai tranquille à la barre, entouré de la nuit et de ses milliards d’astres.


Dimanche 31 décembre, 2ème nuit en mer, entre les Canaries et le Cap Vert.

Le vent s’est un peu levé, permettant de mettre le gennaker et le genois en ciseau et surtout, d’avancer sans les moteurs !

Vers minuit trente, je vais réveiller la Belle au bois dormant pour qu’elle enfile son costume de Popeye, c’est l’heure de son quart !

A ce moment-là, il reste 1’180 km.

Je reviendrai la remplacer à 3h45 jusqu’à 7h45, avant de retourner au lit pour quelques heures.

La journée se déroulera tranquillement, chacun vaquant à ses occupations; jeux, lecture, atelier coiffure ou sieste, chacun fait comme il veut !

En fin d’après-midi, il est temps de préparer un petit apéro, c’est Nouvel An bon sang !

Après avoir préparé quelques tartines et autres snacks, nous nous installons à l’avant, sur le trampoline, afin de déguster cet apéro et surtout fêter la nouvelle année.

Il fait beau, bon, nous sommes bien et le ciel nous offre un magnifique couché de soleil.

Une fois le soleil couché, il est temps de rentrer, il fait vite frais quand le soleil disparait.

Nous prendrons le « dessert » dedans ; un cake ananas/rhum.

Nous nous installons ensuite pour regarder un film tous ensemble, ce sera « Les Tuches », qui plaît beaucoup aux enfants.

Une fois le film fini, Aurélia filera au lit, alors que les enfants resteront avec moi, pour voir ce qu’ils ont nommé « Le pays des merveilles ».

De quoi s’agit-il ? Des étoiles scintillantes dans le ciel…et dans l’eau !

Ils n’avaient encore jamais vu un ciel autant clair et si étoilé ! Et, plus surprenant, chaque vague provoquée par PTIPOA laissait derrière une traînée illuminée.

Le zooplancton, dérangé par le passage de PTIPOA, devient phosphorescent, illuminant l’eau de centaines de petites étoiles.

La nature est quand même fascinante ! Voilà un magnifique spectacle pour finir cette année, qui a été bien remplie avec de belles rencontres, de surprises et d’aventures…. Les mauvais côtés ne sont pas en reste, mais déjà presque oubliés…

Ainsi commence une nouvelle année, où d’autres aventures et de nombreux défis nous attendent….


Lundi 1er janvier 2024, 3ème nuit en mer, entre les Canaries et le Cap Vert.

La nuit fût calme, sans vague et peu venteuse. Nous naviguons au portant (vent dans le dos) avec nos 2 voiles d’avant, le génois et le gennaker, installées en ciseau, c’est-à-dire une voile de chaque côté, offrant une grande surface de voile !

Aurélia vient prendre son quart vers 2h30, je file me coucher.

Elle passera son quart à faire des siestes de 25 minutes. Il n’y a pas beaucoup de bateaux autour de nous, la veille est donc aisée.

Je me lèverai vers 9h et retrouverai ma petite famille en train de faire l’école…avec peine.

Depuis le départ de Papi et Mamie et qu’ils ont reçu une Nintendo pour Noël, il est devenu très compliqué de faire l’école…

Ça n’était déjà pas sans heurts avant, mais maintenant c’est devenu un vrai chemin de croix !

Aurélia se donne de la peine pour leur faire l’école mais la non-coopération de ses élèves effritent sa patience à vue d’œil, augmentant proportionnellement la tension ambiante…  

La matinée ne sera pas des plus calmes, jusqu’à ce que l’école brûle se termine…

Il fait meilleur à l’extérieur qu’à l’intérieur… Dehors il fait beau, le ciel est bleu et la température fort agréable.

Aurélia fera un peu de lecture avec Louna, les deux nanas ayant pris place au poste de barre. De mon côté, j’avance un peu dans le blog, j’ai toujours du retard et ça ne s’arrange pas… Ayden, lui, joue à la pâte à modeler.

J’ai mis une des lignes de traîne à l’eau, on verra bien si ça mord.

En début d’après-midi, c’est le cas ! Je vois que nous avons attrapé quelque chose ! Yes !

Je remonte le fil avec peine, ça à l’air assez gros et traîné depuis un moment, car la prise semble inerte.

Une fois à proximité du bateau, je me rends compte que effectivement, c’est inerte… un sac de toile, probablement perdu (ou jeté) d’un bateau… dommage !

Durant l’après-midi, je jouerai du Thermomix ! Préparation d’une pâte à tresse bernoise et pâte à pizza, en vue d’un apéro dinatoire.

Ayden me donnera un coup de main dans cette tâche, en confectionnant des mini-pizzas et des boulettes de pâte fourrées au fromage, olives ou anchois.

Une fois tout cela cuit, nous nous mettrons, comme la veille, à l’avant sur le trampoline, pour savourer cet apéro et ce moment agréable, faisant oublier le tumulte provoqué par l’école durant la matinée.

Peu après le coucher de soleil, nous rentrerons à l’intérieur pour la nuit.

Aurélia ira se coucher vers 20h30, les enfants, eux, lisent, et moi je veille au poste de barre.

Durant la soirée, le vent se lève entre 12 et 15 nœuds, propulsant PTIPOA à plus de 8 nœuds (environ 14 km/h). Nous avons toujours le génois et le gennaker en ciseau. La navigation est agréable et les milles descendent, ça fait plaisir !


Mardi 2 janvier, 4ème nuit en mer, entres les Canaries et le Cap Vert. Nous sommes toujours au portant et nous avançons bien. Je veille au grain, pour que cela continue.

Vers 3h, alors que le besoin de changement de quart se fait ressentir, je tente de rentrer le gennaker pour qu’Aurélia n’aie pas à se soucier des voiles durant son quart.

Au moment où je veux le rentrer une rafale prolongée s’engouffre dans le gennaker et le garde gonflé, rendant l’enroulement compliqué.

Aurélia, entendant l’agitation, me rejoindra rapidement pour me prêter main forte. Malgré son aide, nous n’arriverons pas à bien l’enrouler et serons obligé de l’affaler complètement et le poser sur le trampoline…nous verrons demain, quand il fera jour.

Après cette montée d’adrénaline, je partirai me coucher, alors que mon épouse, elle, commence son quart qui sera entrecoupé de petites siestes, comme elle sait si bien les faire, et ce, jusqu’au petit matin.

Dès le réveil, le petit déj à peine terminé, les enfants demandent à jouer « un peu » à la Nintendo, tout en promettant de bien faire l’école après. Ce sera l’occasion de les tester…

Nous les laissons faire et verrons combien de temps ils joueront avant de se mettre à l’école.

Ce moment ne viendra jamais, bien que nous leur ayons tendu plusieurs fois des perches !

Durant leur “absence”, nous aurons eu tout le loisir de remettre le gennaker en ordre et le hisser à nouveau à sa place, sans qu’ils le remarquent.

Nous serons obligés de les stopper un peu avant midi, sinon ils y seraient encore à l’heure où j’écris ces lignes.

Ils seront confus et un peu honteux, et, du coup, feront bien l’école l’après-midi pour se rattraper.

En fin d’après-midi, nous aurons la chance d’apercevoir furtivement une tortue, nageant seule, dans cette immensité bleue.

Cette nuit, nous testerons les quarts définis à l’avance, et c’est moi qui commence, jusqu’à 2h. Aurélia, elle, file au lit.


Mercredi 3 janvier, 5ème nuit en mer entre les Canaries et le Cap Vert.

La mer s’est un peu levée, générant pas mal de vagues mais nous continuons de bien avancer.

Je vais réveiller Aurélia à 2h, comme convenu. Elle me donne un coup de main pour affaler le gennaker avant que je file au lit.

Aurélia tiendra son quart jusqu’à 7h40 et sera remplacée par… Louna. Aurélia ne se fera pas prier pour se glisser dans le canapé du carré et y pousser un petit roupillon.

En plus de surveiller la bonne marche, Louna préparera le petit déj et aidera à mettre la table. Top !

De mon côté, je me lèverai vers 10h, bien reposé. Je retrouve mes 2 têtes blondes, assis dans le carré, littéralement aspiré par leur Nintendo…c’est tout juste s’ils me voient. Facile d’avoir des zombies enfants sages !

Durant la journée, j’installerai ma canne à pêche de traîne, nous allons voir si le nouveau matos vaut le coup ! Espérons que ça marche mieux que les lignes de traîne « à dérouler ».

Bien qu’il ait fallu un peu de temps, le cliquetis typique du moulinet qui se déroule se fit entendre, signifiant une prise ! Tout le monde l’entend et accoure.

Je commence par freiner le moulinet, qui se déroule à une vitesse folle, et commence à mouliner.

La bête aura tiré pas mal de fil, car la remontée prend du temps.

Nous commençons à apercevoir les reflets de notre prise… Tantôt bleu, jaune ou vert, le poisson à l’air magnifique et d’avoir une belle taille.

Il continue de se débattre comme un diable, luttant pour sa survie. Il faudra encore quelques minutes pour que je puisse le hisser sur le pont et le mettre dans notre seau à poisson et abréger ses souffrances.

C’est un grand jour pour PTIPOA, voilà notre 1ère daurade coryphène, une belle bête.

Dommage que ses couleurs irisées ne soient visibles que dans l’eau, car « en Live », ça vaut vraiment le coup d’œil !

L’équipage est heureux ! Enfin un vrai poisson ! Nos dernières grosses prises ayant fini à l’eau, souvent avec une partie du matos, payé à prix d’or mais ne valant finalement pas un clou !

Comme quoi ce n’est pas l’homme qui fait le pêcheur, mais surtout le matériel !

Ami pêcheur qui me lit, ne prend pas la mouche, le bonhomme au bout de la canne fait quand même sa part du job… en choisissant et en amenant le bon matériel. Travail d’équipe !

Il n’est pas l’heure de se reposer sur ses lauriers, il faut maintenant lever les filets.

Pas une mince affaire, mais la taille de la bête aide grandement à la manœuvre et tolère notre amateurisme.

Comme dit l’expression, c’est en forgeant qu’on devient forgeron ! Donc le doigté viendra avec le temps, du moins, je l’espère, car c’est dommage de ne perdre ne serait-ce qu’une seule miette de ce met de choix !

Cela nous aura bien pris tout l’après-midi et le soleil commence déjà à se coucher.

Il est temps de souper et que mon épouse file se coucher pour être en forme pour son quart de cette nuit.


Jeudi 4 janvier, 6ème nuit en mer entre les Canaries et le Cap Vert.

La mer est un peu plus agitée, avec pas mal de vagues.

Le vent, lui, ne souffle pas assez pour réussir à nous propulser suffisamment afin que la navigation soit agréable.

Je décide donc d’allumer un moment les moteurs, pour être un peu moins ballotté et ainsi préserver au mieux mon équipage.

Je ferai mon quart jusqu’à 3h et serai remplacé par Aurélia, qui, elle, restera jusqu’à 7h30.

Je la relèverai pour qu’elle puisse aller se coucher un moment, elle n’a pas fait de sieste cette fois.

La nuit nous aura apportée son lot de passagers clandestins… des poissons volants !

Durant la matinée, les enfants, motivés par l’envie de jouer à la Nintendo, feront un peu d’école.

A midi, nous mangeons la moitié de la daurade, cuite au four, assaisonnée à l’ail et au citron. Un vrai délice ! Ça motive à en pêcher d’autres !

Je remets donc la ligne à l’eau dans l’après-midi.

Le cliquetis du moulinet se fera à nouveau entendre. Je bondis pour attraper la canne et freiner le moulinet qui se déroule à une vitesse folle. Ça doit être une belle grosse prise….

Trop belle et surtout trop grosse… le fil cassera, laissant filer notre proie, avec dans sa gueule notre leurre et un poids.

Pfff décidément ! 😭

Nous approchons gentiment du Cap Vert, et, ne voulant pas arriver de nuit dans un mouillage que l’on ne connaît pas, parait-il encombré de bouées et d’épaves, nous ralentissons la marche, du moins on essaie…

un petit peu…

on n’est pas les plus rapide et rien que l’idée d’être plus lent que lent ne m’enchante guère…

Nous sommes encore loin, nous verrons bien en temps voulu.

Le reste de la journée se déroulera tranquillement et la soirée verra le traditionnel manège des quarts de nuit prendre ses derniers quartiers, notre but approchant à grand pas…

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